Coach professionnelle au sein de Nouveau Souffle, Laure-Anne Bardinet accompagne les aidants qui soutiennent un proche en soins palliatifs. À la maison médicale Jeanne Garnier, à Paris, elle anime un groupe d’entraide destiné à apaiser les proches, encourager l’échange d’expérience et développer une compassion mutuelle, essentielle dans ce moment de grande vulnérabilité.
Apporter un soutien immédiat aux proches en fin de vie
Laure-Anne intervient au cœur de l’accueil ambulatoire de la maison médicale Jeanne Garnier, la plus grande unité de soins palliatifs d’Europe.
Sa mission : offrir un espace où les aidants peuvent déposer ce qu’ils vivent, trouver un apaisement rapide et renforcer leurs ressources intérieures dans une période souvent éprouvante.
Pour elle, accompagner sur place répond à un besoin très spécifique :
« L’objectif est de favoriser une certaine paix intérieure à très court terme et ainsi aider les proches à vivre plus sereinement la situation. »
À côté du coaching individuel — qui accompagne davantage l’acceptation émotionnelle d’une séparation à venir — ces ateliers visent une soutien immédiat, centré sur l’instant et les jours qui suivent.
Deux approches complémentaires pour des besoins très différents.
Un groupe qui se retrouve, se comprend et se soutient
Le groupe d’entraide fonctionne en cycle : les participants se retrouvent régulièrement, créant progressivement un climat d’écoute, de confiance et de présence mutuelle.
Chaque séance s’appuie sur :
- l’écoute active,
- la reformulation,
- un questionnement orienté vers la compassion et l’acceptation du présent,
- la mise en commun de solutions ou de pratiques qui ont aidé les uns et les autres.
Pour Laure-Anne, l’essentiel est là : un espace où l’expérience de chacun devient ressource pour tous.
« Il s’agit de favoriser un échange d’expérience et une compassion mutuelle. »
Ce travail collectif permet aussi d’informer les proches sur ce qu’ils traversent — comme le “deuil blanc” lorsqu’un proche perd progressivement ses capacités relationnelles ou cognitives.
La force du partage entre pairs : se sentir moins seul dans l’ambivalence
Peut-on réellement écouter les autres alors qu’on est soi-même bouleversé ?
Laure-Anne répond sans hésiter : oui.
« Il est extrêmement salvateur de se rendre compte que l’on n’est pas le seul à vivre cette ambivalence émotionnelle. »
Les aidants en fin de vie passent souvent :
- de la tristesse à la colère,
- de la peur à l’apaisement,
- de l’incompréhension à des moments de joie inattendue.
Cette oscillation émotionnelle peut être déstabilisante.
Dans ce groupe, chacun peut oser mettre en mots ce qui est difficile, suggérer à l’autre une petite action qui l’a aidé, et s’inspirer de solutions concrètes.
Des problématiques lourdes… mais un espace où la parole se libère
Les aidants de personnes en fin de vie partagent souvent des préoccupations communes :
• La gestion des émotions
Peur pour l’autre, peur pour soi, injustice ressentie, culpabilité…
Parler aide à comprendre ce qui se passe en soi.
• Les relations familiales bousculées
La maladie redistribue les rôles, crée des tensions, fait émerger des incompréhensions.
Le groupe permet de prendre du recul et de comprendre qu’on n’est pas seul à traverser cela.
• La solitude face à la fin de vie
On peut avoir tendance à se replier sur soi.
Participer au groupe permet de dépasser sa solitude, même brièvement.
Et un signe ne trompe jamais :
« Ma grande joie est de voir le visage de ces personnes se détendre un peu. »
Accueillir les larmes, les sourires et les silences fait partie du processus.
La compassion circule entre les participants, et c’est, pour Laure-Anne, l’un des plus grands bienfaits de ces ateliers.
Un accompagnement profondément humain
Pour Laure-Anne, accompagner les aidants en fin de vie, c’est :
- créer un espace sûr,
- offrir un soutien immédiat,
- permettre à chacun de se sentir légitime dans ce qu’il vit,
- encourager des gestes simples mais essentiels pour tenir dans cette période fragile.
Dans ce lieu où la vie et la fin de vie se côtoient, les aidants trouvent un espace rare : un lieu où ils peuvent se déposer, respirer, être entendus, et parfois même entrevoir une forme de paix.




