La maison médicale Jeanne Garnier, à Paris, plus grande unité de soins palliatifs en Europe, propose un nouvel accompagnement aux aidants, avec l’association Nouveau Souffle. Au sein de l’accueil ambulatoire, Laure-Anne Bardinet, coach professionnelle pour l’association Nouveau Souffle, animera à partir de décembre ce groupe d’entraide entre aidants, destiné à favoriser l’apaisement et la compassion mutuelle.
Qu’apportez-vous de différent en proposant un atelier sur place à des personnes qui accompagnent des proches en fin de vie ?
Ces ateliers ont une temporalité très immédiate. L’objectif est de favoriser une certaine paix intérieure à très court terme et ainsi aider les proches à vivre plus sereinement la situation dans l’instant et les jours et semaines à venir. Dans le coaching individuel, que nous pouvons proposer aux mêmes personnes, il s’agit plus de rechercher un équilibre émotionnel tout en favorisant l’acceptation d’une séparation à venir. Ces deux approches sont complémentaires.
La méthode que vous utilisez à Jeanne Garnier consiste à travailler tour à tour sur chacune des situations des participants, chacun étant une ressource pour les autres aidants et recevant de l’aide en retour …
Ces ateliers s’inscrivent dans un cycle de plusieurs rencontres : les mêmes personnes se retrouvent à intervalle régulier dans un climat de confiance. Il s’agit de favoriser un échange d’expérience et une compassion mutuelle. J’utilise les différentes techniques que sont l’écoute, la reformulation, mais aussi un questionnement orienté sur la compassion, l’acceptation du présent et la suggestion de solutions innovantes par les pairs. Notre rôle est vraiment de faciliter les échanges, tout en étant un vecteur d’information. Nous pouvons être amenés à répondre aux questions des aidants, par exemple sur le deuil blanc que sont en train de vivre, lorsque leur proche est atteint de troubles cognitifs ou relationnels.
Est-on capable d’entendre la douleur de l’autre quand on est soi-même dans un profond désarroi ?
Oui ! C’est extrêmement salvateur de se rendre compte que l’on n’est pas le seul à vivre cette ambivalence émotionnelle, en passant de la tristesse à la joie, de la colère à l’acceptation, en ne comprenant pas toujours ce que l’on ressent. Il est plus facile de partager cela en confiance avec quelqu’un qui vit la même chose. On peut oser alors suggérer quelque-chose qui a fonctionné pour soi et s’inspirer de l’expérience de l’autre.
Quelles sont les problématiques qui touchent particulièrement les aidants de personnes en fin de vie ?
Il est beaucoup question de gestion des émotions, dont toutes les interrogations liées aux peurs ( peur pour l’autre et peurs pour soi ), à l’injustice et à la culpabilité. Grâce à ces échanges entre pairs, on peut s’exprimer et essayer de décrypter ce qu’il se passe en soi. Une autre thématique souvent abordée, ce sont les relations familiales bousculées par la maladie. L’idée est de s’ouvrir aux problématiques qui sont rencontrées par les autres et de dépasser un peu sa propre solitude, dans un moment où l’on peut avoir tendance à se renfermer. Ma grande joie est de voir le visage des ces personnes se détendre un peu, tout en s’autorisant à dire leurs préoccupations et parfois à verser quelques larmes. J’y vois vraiment les bienfaits de la compassion.
Inscription au cycle « Proche en soins palliatifs » : https://nouveausouffle-asso.com/sinscrire-aux-accompagnements-nouveau-souffle-2/